Ronald Wayne, Pete, Dick et le Réseau

Posté le 17/05/2016 dans Généralités Réseau

Ronald Wayne, Pete, Dick et le Réseau

Connaissez-vous Ronald Wayne ?
Non, ce n’est pas le fils illégitime de Ronald Reagan et de John Wayne !
En fait, personne ne connait Ronald Wayne.
Et avez-vous entendu parler de Pete Best ? Et de Dick Rowe ?
Non ? Alors laissez-moi vous raconter trois histoires de Networking ?

Ronald, le nez creux du Réseau

Ronald travaille chez Atari. Il y rencontre par hasard Steve Jobs qui traine dans les couloirs de la société dans laquelle il a accepté un petit boulot pour gagner un peu d’argent. Les deux hommes sympathisent rapidement. Puis Jobs présente Ronald à Wozniak qui l’adopte à son tour. Ronald accepte alors, par amitié, de consacrer ses soirées de célibataire à bricoler avec les deux Steve. Le trio magique est né. Ronald a 41 ans, de la bouteille et il est d’accord pour aider les deux jeunes chevelus à monter leur petite boite d’électronique. Il est donc ravi de prendre une participation minoritaire dans cette start-up. Il rédige les statuts de la société, dessine le premier logo d’Apple (qui ne sera jamais utilisé) et écrit le manuel de l’Apple I. Et le 1er avril 1976, la société Apple est officiellement créée par Steve Jobs, Steve Wozniak. Ronald Wayne prend 10% de la société.

Mais le 13 avril 1976 – soit moins de quinze jours après la création officielle d’Apple – Ronald décide de vendre ses parts à ses deux associés. Il jette l’éponge car il n’a pas confiance en la réussite du projet et il ne veut pas prendre le risque de rembourser avec ses biens personnels les futures et probables dettes de la société.

Il continue sa carrière en tant qu’ingénieur chez Atari, puis travaille dans d’autres sociétés, mais jamais chez Apple. A la retraite, il se consacre à sa passion, la philatélie. S’il avait gardé ses parts de l’époque, elle vaudrait aujourd’hui la bagatelle de 60 milliards de $.

Et l’histoire n’est pas finie : en 1990, Ronald Wayne vend l’original du contrat d’association qui le liait à Jobs et Wozniak pour 500 $.
Ce parchemin sera revendu 1,6 million $ en 2011.

Aux dernières nouvelles Ronald Wayne est toujours vivant. Il a dépassé allègrement le cap des 80 bougies.

Pete, l’écarté du Réseau

Prenons maintenant l’histoire de Pete Best. En 1962, Pete est le quatrième Beatles. Il est le batteur du groupe depuis deux ans. C’est lui qui tient les baguettes lors de l’audition du 6 juin 1962 à 18h00, chez EMI. Celle-ci se déroule sous la férule de George Martin, directeur artistique du label Parlophone. A la fin de la session, George Martin, insatisfait de la prestation de Pete Best, suggère aux autres membres du groupe de le remplacer. George Harrison propose alors de confier la batterie à Richard Starkley, alias Ringo Star, un batteur qui a déjà remplacé Pete à plusieurs occasions.

C’est Brian Epstein, le sémillant manager des Beatles qui est chargé d’annoncer la mauvaise nouvelle à Pete. Ce dernier rentre tout penaud à Liverpool, tandis que ses copains décollent, avec Ringo, vers un succès planétaire.

Après avoir été éjecté des Beatles, Pete intègre les Lee Curtis and the All Stars, puis forme son propre groupe, le Pete Best Four. En 1967, il se rend compte que, marié et père de famille, il est temps de gagner sa croute. Il décide alors de ranger sa batterie à la cave et devient boulanger. Lassé de se lever tôt le matin, il ferme sa boulangerie et se met à la recherche d’un travail tranquille et stable. Quoi de mieux que la fonction publique pour ne plus se soucier de l’avenir ? Pete trouve un job à l’agence pour l’emploi de Liverpool, à quelques encablures de Penny Lane, poste qu’il occupe pendant vingt ans, jusqu’à sa retraite.

Aujourd’hui, Pete est encore vivant. Lui aussi.

Dick, le miraculé du Réseau

La troisième histoire concerne Dick Rowe. Dick est, en 1962, le directeur artistique de Decca, le concurrent d’EMI/Parlophone (et donc de George Martin).
Grâce à l’opiniâtreté de Brian Epstein, les Beatles sont auditionnés le 1er janvier 1962 dans les studios de Decca. Après quelques semaines d’attente, le verdict tombe : Dick Rowe décide de ne pas les engager.
Le 6 juin de la même année, à leur retour d’un engagement dans un bar de Hambourg, les Beatles sont auditionnés par George Martin et signent avec lui.
Quelques mois plus tard, les Beatles atteignent la célébrité et Dick Rowe devient « l’homme qui a rejeté les Beatles ».
Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là ! Dick a la bonne idée, douze mois plus tard, de sympathiser avec George Harrison lors d’un Juke Box jury. Il s’excuse platement de son erreur de jugement et se plaint amèrement de la réputation de crétin malchanceux qu’il porte désormais. George lui conseille d’aller écouter un jeune groupe prometteur au Marquee Club. Cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Quelques semaines après, le groupe signalé par George Harrison signe un contrat avec Decca ! Dick est sauvé : il devient le découvreur des Rolling Stones !

Dick est décédé à 65 ans, en 1986. Le 6 juin !

Morale

Quel est le rapport entre ces trois histoires et le Networking ?
Le Réseau est une affaire de rencontres, d’opportunités générées par ces rencontres, de prise de risque, d’intuitions – bonnes ou mauvaises – et de décisions choisies ou subies.
Ronald Wayne peut être considéré comme le total loser du Networking. En effet, sa rencontre fortuite avec Steve Jobs chez Atari lui permet de connaître Steve Wozniak. Et les deux Steve le choisissent comme associé. Le Réseau lui apporte une gloire potentielle mais Ronald ne saisit pas sa chance.
Il aspirait sans doute à une vie simple, sans pression, lui laissant du temps avec ses timbres et son petit cercle d’amis. Son choix lui a peut être sauvé la vie : il a échappé à l’ulcère de l’estomac, à la dépression nerveuse ou au crime passionnel sur la personne de l’insupportable Steve Jobs !

De son côté, Pete Best avait assurément le niveau pour être dans l’aventure des Fab Four : les dix morceaux où il tient la batterie sur le volume Anthology 1 en attestent. Il aurait pu continuer à progresser, comme ses trois acolytes. Mais, ses camarades, George Harrison en tête, lui reprochaient son manque de sérieux, ses retards et ses absences répétées.
Le Réseau ne lui a pas laissé le choix car, dans les parages, il y avait Ringo, un gars sympa, gentil, pas compliqué, bourré d’humour, bon batteur et toujours disponible quand on avait besoin de lui.

Quant à Dick Rowe, il a laissé échappé La chance de sa vie. Mais, il a su activer le Réseau et saisir la deuxième chance que ce dernier lui a offerte.

Moralité: le Réseautage est une affaire 100% humaine. Ce sont les rencontres qui créent les opportunités. Ce sont ensuite nos croyances, notre vision, notre comportement et nos décisions qui transforment ces occasions en destin. Ou non.

    2 Commentaires

  1. Osons, Osez le réseau !

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