
Le Networking peut ouvrir moult portes, opportunités, idées et alliances si l’on s’y prend bien. Il est paré de mille vertus. Il a un seul défaut majeur, c’est une activité chronophage. Aussi, faites en sorte de ne pas perdre de temps avec certains réseauteurs dont je me suis délecté à dresser les portraits qui suivent.
Voici donc les vingt-cinq réseauteurs à fuir.
Attention, respect : dans leur domaine, ce sont des légendes, des vedettes, des stars… mais hélas pas dans le bon sens.
1. Le touriste du réseau
C’est celui qui débarque en tongs et en chemise hawaïenne dans votre bureau. Il n’a ni boussole, ni idée et surtout pas de projet. Il sollicite un rendez-vous, mais ne sait pas pourquoi. Il ignore d’ailleurs ce que vous faites et ne semble pas pressé de le découvrir. Il est là « parce qu’on lui a dit qu’il fallait vous rencontrer ». Il obéit en mode gentil zombie. Il finira par prendre un rapide selfie et disparaître illico dans les méandres de votre mémoire vive.
2. Le hussard du réseau
Lui, c’est l’artillerie lourde. Il envoie dix messages en une minute, relance tous les trois jours et bombarde de demandes sans même un « bonjour ». Il confond réseau et démarchage commercial. Son tact légendaire s’apparente à l’agilité du fameux éléphant canadien faisant du magasinage dans une boutique de porcelaine de luxe. Vous le repérez facilement à ses mocassins à pompons abîmés sur les côtés à force de mettre son pied dans toutes les portes qui se ferment dès qu’il approche.
3. Le cloneur en série
Certes, il arrive à s’extirper de son premier cercle et contacte des gens qu’il ne connaît pas de la part de relations communes, mais il ne rencontre que des gens qui lui ressemblent. Même âge, même école, même métier et même blazers bleu marine à boutons dorés. C’est rassurant, certes, mais totalement inefficace. Un réseau de clones bien coiffés, c’est une chambre d’écho qui lui répète, façon disque vinyle rayé, ce qu’il sait déjà par coeur grâce à son réseau étriqué. Mauvaise pioche.
4. Le torticolis permanent
Lui, il ne regarde que vers le haut. PDG, DG, DRH, tout ce qui a une carte de visite avec deux ou trois lettres l’excite. Il est irrésistiblement attiré par les galons rutilants. Tout ce qui est en dessous de lui ou à son niveau ne l’intéresse pas. Il a de ce fait un talent rare pour se faire détester par tous ceux qu’il snobe à longueur de journée. Dommage car ces derniers ne constituent peut-être pas des décideurs mais ils représentent potentiellement des connecteurs, des veilleurs et des prescripteurs qu’il ignore bêtement.
5. Le mal élevé amnésique
Il utilise un contact, obtient une info ou un conseil… puis il disparait dans l’hyper espace. Il ne remercie jamais et il ne tient jamais au courant car, selon lui, cela ne sert à rien de perdre du temps dans ces pratiques d’un autre temps. Cela dit, il peut vous recontacter quelques années plus tard, le nez enfariné, parce qu’il a besoin à nouveau de votre aide. Et il s’étonne ensuite que vous ne daignez pas lui répondre.
6. Le TPMG (Tout Pour Ma Gueule)
Il prend, prend, prend toujours plus… mais ne donne jamais rien. C’est le genre à zigzaguer sur l’autoroute du Réseau pour aller plus vite. Il ne pense qu’à lui et vous considère comme un gros citron qu’il faut presser jusqu’à la dernière goutte de vos idées et de vos contacts. En parallèle, c’est un sacré constipé du don. Si vous le sollicitez, il ne vous donnera aucun rendez-vous, aucun conseil, aucun contact et même pas un sourire. Tout prendre et ne rien donner est sa seule religion. À ce stade, ce n’est pas du réseautage, c’est du pillage.
7. Le cocooneur professionnel
Il ne parle qu’à ses meilleurs amis. C’est sympa, chaleureux, doux… mais inutile. Il n’a pas compris que les vrais leviers du Réseau se trouvent dans les liens faibles, c’est-à-dire les personnes que vous voyez peu ou que vous rencontrez de la part d’une relation commune. Soyez certain que sa sympathique petite bande du poker du mercredi soir ne l’aidera pas à atteindre son objectif professionnel, elle se contentera de le plumer amicalement et en douceur.
8. Le salon de thé ambulant
Il adore les longues conversations… qui ne mènent à rien. Pas d’objectif, pas de demande claire, juste un papotage à base de « comment ça va bien » et « on se tient au jus ! ». Il pourrait organiser un tête-à-tête de deux heures avec un palmier, pourvu qu’il y ait des tartelettes à grignoter. Certes, sa conversation est sympathique et agréable autour d’un thé Darjeeling et de scones bien chauds. Mais ce n’est pas du réseau, c’est juste un doux bavardage labellisé premium.
9. Le chef comptable relationnel
Il tient scrupuleusement ses comptes. « J’ai donné deux contacts à Julie, elle ne m’en a donné qu’un ». Résultat ? Il s’épuise en calculs mentaux et en ressentiment mortifère. Il n’a pas compris que le Réseau n’est pas une affaire de comptabilité pointilleuse et que c’est plutôt un habile mélange de générosité, de solidarité, de don et de foi dans l’espèce humaine. Il s’agit de donner avant de recevoir et surtout de ne pas s’attendre à recevoir de la part de ceux à qui l’on a donné. Mais du Réseau en général.
10. L’invisible digital
Il pense qu’on peut réseauter sans jamais se montrer. Pas de photo, pas de profil à jour et jamais de présence en ligne. Il veut rester discret. Résultat : personne ne le voit, donc personne ne l’appelle. Il est satisfait, caché sous sa cape d’invisibilité mais se retrouve seul, isolé et dépourvu le jour où il a besoin d’être aidé.
11. L’e-mail addict
Il envoie des mails en rafale et croit que cela suffit. Mais il ne comprend pas pourquoi personne ne lui répond. Il reste des heures chez lui les yeux rivés sur son écran, un sandwiche à portée de main, en enchaînant les cafés bien serrés. Certes, l’envoi de mails fait partie de la démarche de Networking. Mais il ne faut pas oublier que réseauter consiste à rencontrer les gens en face à face afin de se rendre visible et lisible dans l’écosystème défini par un projet précis et un ciblage pointu.
12. Le réseauteur à l’ancienne
Il a un réseau composé essentiellement de retraités. Parce qu’il n’a pas entretenu ni renouvelé ses contacts depuis 2003. Le monde a bougé, mais lui est resté fidèle à son annuaire papier et ses tableaux Excel d’un autre temps. Il a mis dix ans à créer son compte sur LinkedIn, il patauge sur Teams et Zoom et surtout ne lui parlez pas de ChatGPT car il pense que c’est une annexe de la SPA.
13. Le « moi-je-sais-tout »
Chaque conversation devient un TED Talk sur sa vision de son secteur, de son métier et de sa personne. Il donne des leçons, coupe la parole, et vous explique comment faire… alors qu’il galère lui-même depuis des mois. Il est capable de vous expliquer votre métier alors qu’il n’y connaît pas grand-chose. C’est un aspirateur d’énergie. Epuisant.
14. Le procrastinateur du réseau
Il « va s’y mettre », il vous le promet. Mais pas tout de suite. Pourquoi faire aujourd’hui ce que l’on peut très bien faire demain ? Rien ne presse. Le procrastinateur attend toujours le meilleur moment. Conséquence : il n’appelle pas les contacts que vous lui avez donnés. Et, en attendant, les opportunités passent et lui reste sur le quai, carnet de contacts inutilisés à la main et excuses bien rodées à la bouche.
15. Le stakhanoviste du rendez-vous
Il croit que plus, c’est mieux. Il cale 5 rendez-vous par jour, 7 jours sur 7. Il est en permanence au bord du burn-out. À force de courir comme un poulet sans tête, il n’écoute plus, il ne prépare rien, il oublie de relancer, il se trompe de rendez-vous et grille ainsi bêtement de très bons contacts. Son réseautage s’apparente à une magnifique course vers l’échec.
16. Le moulin à paroles
Il parle. Beaucoup. Trop. Il oublie d’écouter et monopolise l’échange. On dirait une radio FM sans bouton stop. Même Siri finit par s’excuser quand il parle. Il a peut-être des choses intéressantes à dire, mais elles sont si bien noyées dans sa logorrhée verbale que l’on ne les entend pas. Il n’a pas compris qu’un rendez-vous Réseau, lorsqu’on le sollicite, c’est 15% du temps de parole pour lui et 85% pour vous. Pas l’inverse.
17. Le melon sur pattes
Il se présente comme un génie incompris, partage ses réussites avec emphase et cite ses trophées dès la première seconde de l’entretien. Son ego surdimensionné entre dans la pièce cinq minutes avant lui. L’humilité ? Il a vaguement entendu parler de cette vertu mais il ne la pratique pas. Problème : rapidement, il agace plus qu’il n’impressionne.
18. Le plaintif
Il prend rendez-vous pour… se plaindre. De tout. Son boss, son entreprise, la météo, les jeunes, les vieux, les RH, les algorithmes. D’une certaine manière, il vous prend pour son psy et heureusement que vous n’avez pas de canapé dans votre bureau car il serait capable de s’allonger dessus. A la fin de l’entretien, il a réussi à vous déprimer et surtout vous vous gardez bien de le faire rebondir dans votre réseau.
19. Le « name-dropper » compulsif
Il connaît tout le monde. Enfin, c’est ce qu’il prétend. C’est un formidable distributeur de contacts. Il est d’une générosité extraordinaire et on l’admire pour cela. Sauf que, lorsque vous appelez un de ses fameux contacts, on vous répond « Qui ? Non, je ne connais pas. » En réalité, il connaît beaucoup de gens qui… ne le connaissent pas. Tout est flou chez lui. Et comme dit le proverbe : « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ».
20. Le multibadgeur
Il croit que réseauter consiste à enchaîner les événements et collecter les badges comme d’autres collectionnent les cartes Pokémon. Il se vante d’assister à dix conférences, cocktails, débats, etc. par semaine, mais il ne fait que remplir son agenda. Résultat : quelques vagues discussions avec des inconnus dans la foule. Et, à l’arrivée, beaucoup de présence, un début de cirrhose du foie et zéro contacts utiles.
21. Le forcené du CV
Il pense que réseauter consiste à donner son CV ubi et orbi. Placer son CV à tout prix constitue son seul objectif. Il ne sort jamais sans ces deux pages de papier sur lesquelles il a passé des heures à soupeser, mesurer, calibrer et vérifier chaque mot, chaque virgule et chaque logo. En toute occasion, il le glisse. Même pour commander un café, il dégaine son CV car, on ne sait jamais, si le barista connaît un recruteur. Conséquence : il transforme une discussion informelle en un entretien sauvage. Et, à la fin, il apparaît comme un mort de faim… qui fait peur
22. Le vétéran de 14 – 18
Il adore vous raconter sa vie professionnelle qui, hélas, date d’un autre siècle et qui sent bon la naphtaline. Il vous cite des entreprises qui ont disparu et des noms de patrons qui reposent en paix au cimetière des illusions perdues. Il appelle encore les RH « le bureau du personnel » et vous dit qu’il a bien « tapé son CV à la machine à écrire ». Il emploie des expressions savoureuses comme : « Clic-clac, merci Kodak » et « C’est parti mon kiki » qui vous rappellent votre grand-mère. C’est un joli moment de nostalgie à passer avec lui. Bon, tout cela est bien sympathique, mais, vous, vous avez encore beaucoup de travail à abattre avant la fin de la journée.
23. L’enclume
Il est lourd, très lourd même. Quand il parle, il y a des haltères qui sortent de sa bouche. Il se croit drôle mais son humour ne fait rire que lui et son hamster. Tout est pesant chez lui : ses demandes manquent de finesse, son pitch est laborieux et ses questions volent au ras des pâquerettes. Chaque conversation avec lui équivaut à une séance de musculation. Mentalement, vous ressortez en nage. On aimerait l’aider mais on sent que cela va être difficile de lui enlever toutes ces pierres qui encombrent son sac à dos de candidat.
24. Le complotiste
Il a des théories sur tout. Et surtout des visions hallucinatoires de complots à tous les coins de rue. Biberonné dans sa jeunesse aux discussions du café du commerce, il a bifurqué il y a quelques années sur les réseaux sociaux qui l’abreuvent de théories complotistes. Ainsi, il est convaincu que les chasseurs de têtes sont financés par la secte des grands adorateurs du tofu. Il n’a pas compris que, dans le réseau, le professionnalisme consiste à ne pas parler de politique… et de complots.
25. A vous de suggérer ce 25e profil.
Et maintenant, on fait quoi ?
Et voilà, 25 profils de réseauteur dont il ne faut pas suivre l’exemple si vous tenez à construire un réseau solide, vivant, aidant, utile et un tant soit peu sympathique. Et si, dans la liste, vous vous êtes reconnu une ou deux fois… pas de panique. L’important, c’est de progresser. On ne naît pas bon réseauteur, on le devient. L’art du Réseautage se travaille et même les meilleurs ne cessent d’apprendre. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais d’être sincère, à l’écoute et un minimum stratégique. Alors formez-vous puis sortez, parlez, échangez, relancez. Le Réseau est un muscle : plus on l’entraîne, plus il vous soutient. À vous de jouer !